Juvénal
di Loris Chavanette
Aujourd’hui je parfais ma collection d’œuvres d’antiques parues aux Belles lettres et bilingues. Après Ovide, César, Platon, et bien sûr le grand Tacite, c’est au tour de Juvénal, le premier de nos satiristes. Il écrit:
« Mais toi, Ponticus, je ne voudrais pas qu’on te classât d’après la seule gloire de tes aïeux, sans que tu fasses rien toi-même qui assure plus tard la tienne. C’est pitié de s’appuyer sur la renommée des autres, avec la crainte que l’édifice ne s’affaisse et ne s’écroule si on retire les colonnes. Le sarment, couché à terre, réclame le tronc veuf de l’ormeau. Sois bon soldat, bon tuteur ; sois arbitre incorruptible, si jamais on t’appelle en témoignage dans un cas incertain et douteux, quand même Phalaris t’ordonnerait de mentir et ferait avancer son taureau pour te dicter le parjure, regarde comme l’infamie suprême de préférer l’existence à l’honneur et de perdre pour sauver ta vie ce qui est la raison de vivre. Celui qui a mérité de mourir est déjà mort, quand il mangerait à dîner cent huîtres du Gaurus et que Cosmus le plongerait dans tous les produits de sa chaudière. » (Satire VIII)
Note de bas de page : Cosmus est un parfumeur fameux.
Je préfère mille fois cette langue des anciens, bourrée d’ironie sans manquer d’érudition, à ce que l’on publie aujourd’hui dans 99% des cas.
